blog européen

lundi 14 janvier 2008

Madrid


Cette image sera déjà familière pour certains ! Merci à Lise pour sa charmante hospitalité :)

Après avoir baigné quelques temps dans un environnement que je maîtrisais complètement, me voici plongée dans l'univers madrilène pour un petit choc culturel bienfaisant. Ayant étudié l'espagnol au lycée, il m'en reste quelques traces, comme la capacité de suivre une partie des conversations tenues entre mon hôte et le reste du monde - caissières, collocataires et commerçants... Pour le reste, impossible de sortir une phrase contruite ou cohérente dans cette langue pourtant facile : tout sort en allemand. La partie "langue étrangère" de mon cerveau est en état d'occupation durable, et seuls quelques bastions résistants d'espagnols luttent encore et toujours dans les tréfonds de mon lobe frontal... La constatation de mon incapacité en espagnol ayant été faite, je me suis permise de me laisser complètement porter par les évènements, comme il est coutume de le faire lorsqu'on se trouve en vacances. Au programme: balades, de longues heures dans des restos à tapas, musées (oui, encore) et excursion d'une journée à Tolède. Le fait de se déplacer à pied permet d'apprécier la diversité des ambiances des quartiers centraux de Madrid: grands axes flanqués de buildings dans un style art nouveau triomphant, bâtiments historiques et petits ruelles barriolées, ou le quartier immigré haut en vie. Tolède, ville moyenageuse, est architecturalement plus homogène, et eut sans doute été plus appréciable sous un beau ciel bleu (voir ici pour de jolies photos). Nous y avons néamoins vu deux des trois synagogues pré-modernes restantes en Espagne. A noter dans la catégorie idées géniales, la gare de Madrid, Atocha, transformée en serre géante, tortues californiennes incluses!
Enfin notre visite du musée du Prado m'a permis de m'entraîner à l'art subtil de prendre des photos sans se faire remarquer par les gardiens. Les gardiens madrilènes étant apparemment prompts à la conversation, ils sont donc plus facilement distraits, ce qui m'a permis de beaucoup mitrailler. Mes passages préférés auront été les oeuvre du Greco, peintures noires de Goya, et tout particulièrement sa très belle "Maja desnuda".

Paris

Le sujet de cet article est peut-être assez peu exotique, mais je manque d'inspiration pour décrire ma vie en Allemagne. Par ailleurs, je me suis promis dans mes bonnes résolutions (et sous pression populaire) d'alimenter plus souvent mon blog...
Quel sentiment étrange, de retour en France, d'entendre parler autour de moi une langue que je comprends ! J'avais oublié à quel point il était agréable de maîtriser ainsi son environnement. J'ai pris du plaisir à effectuer de petites actions quotidiennes anodines, comme commander du pain à la boulangerie toute pleine d'effluves appétissantes, écouter de manière indiscrète les conversations de mes voisins dans les transports en commun, etc. J'ai vité réalisé à quel point il était irréaliste pour moi de croire que je continuerais à travailler mon allemand pendant les vacances.
Mon séjour à Paris a été tout à fait délicieux, pour de multiples raisons sans doute, mais en grande partie du fait du charme intrinsèque que cette ville exerce sur moi. Paris a beau être une ville chère, bruyante et par endroits bourgeoise à en donner la nausée, elle reste néanmoins une source de plaisir toujours renouvelé. J'ai beaucoup aimé revoir mes coins de prédilection d'intello rive gauche - les cinés d'art et essais du quartier latin, les galeries des musées, Beaubourg, la BNF... Dans la même semaine, j'ai mangé italien, libanais, indien, japonais (par trois fois j'ai succombé à la tentation des sushis!) et j'en passe... Et inutile de souligner à quel point Paris est vraiment une très belle ville : des balades offrent toujours de nouvelles perspectives, même à l'oeil blasé d'une promeneuse aguerrie par de multiples Paris-by-nights.
Paris, ville de l'amour, mais aussi de la débauche: j'ai eu l'occasion de surprendre Heinrich s'adonnant à des activités très peu catholiques dans une boutique du Marais...

Pour ceux qui auront l'occasion d'être à Paris dans les mois qui viennent, je recommande tout particulièrement l'exposition sur Chaïm Soutine à la Pinacothèque de la Madeleine, et "Allemagne, les années noires", au Musée Maillol.
L'exposition à la Pinacothèque de Paris permet de voir un assez grand panel de l'oeuvre de ce grand peintre d'origine biélorusse, fou, figure ombrageuse de la scène artistique d'entre-deux-guerres. La violence du trait de pinceau et des couleurs de ses paysages déliquescents, ses personnages difformes aux yeux vides et noirs, ses tableaux de carcasses de viandes sanguinolentes font de Chaïm Soutine un artiste qui trouble et qui fascine.
"Allemagne, les années noires" nous donne un aperçu d'Allemagne souffrant du traumatisme de la Grande Guerre et d'une armistice bancale, avant même que déferle sur elle les calamités de la Crise et du nazisme. Un face à face des oeuvres d'Otto Dix et de Max Beckmann nous présente ainsi crûment l'horreur de la guerre des tranchées, loin de l'héroïsme naïf de la propagande officielle : cadavres jonchant dans les cratères d'obus, empêtrés dans les barbelés, ou scènes de combats apocalyptiques. La société de Weimar, avec ses soldats balaffrés faisant la quête dans la rue, ses nouveaux bourgeois, et ses agitateurs politiques est également assez bien dépeinte par le reste de l'exposition. Celle-ci n'est donc certes pas très joyeuse, mais permet de saisir presque concrètement le contexte qui a donné naissance au IIIe Reich.
Ici, l'entrée du blogger "Lunettes rouges" sur l'exposition