blog européen

lundi 14 avril 2008

La solitude de l’étudiant Erasmus dans les cours de théorie politique

Première semaine de cours du second semestre: une époque décisive, pleine d’espoirs déçus, d’angoisses administratives et de fêtes estudiantines à l’allemande, c’est à dire bien arrosées de bière pas bonne mais bon marché. Nous ne sommes encore que lundi, mais j’ai déjà gouté aux affres des inscriptions pédagogiques décidément très libérales de l’université de Tübingen. Ainsi, une partie des cours de chaque faculté étant mise en ligne préalablement à la rentrée, il convient le plus souvent de simplement s’inscrire en utilisant les codes fournis à chaque étudiant par l’université. Seulement, il peut s’avérer que certaines facultés informatiquement analphabètes négligent de mettre leur offre de cours sur internet : c’est notamment le cas de celle d’histoire de l’art. Dans ce cas là, l’on peut soit acheter un épais livre détaillant tous les cours fournis par l’université un par un (6 euros), soit (et cela est préférable, vu que le livre est publié en février alors que beaucoup de profs n’ont pas encore préparé les cours du semestre prochain) l’étudiant modèle zélé s’adresse directement à la faculté qui l’intéresse. Mais admettons que l’institut de science politique ait déjà mis en ligne tous ses cours. Là, vous vous rendez compte qu’il manque pour chacun d’eux un petit détail qui peut complètement chambouler votre emploi du temps : nombre de crédits octroyés (jamais précisé), jour et horaire des séances (parfois), date de début des cours… Ainsi, le séminaire de « Théories du fédéralisme » a normalement lieu de 14h à 16h tous les lundis dans le bâtiment « Alte Archäologie » (allez voir le lien avec l’archéologie ?) sans qu’il soit précisé si les cours commencent aujourd’hui ou la semaine prochaine. Ce genre de petite négligence a pour conséquence qu’une vingtaine de personnes, dont moi, ont du aujourd’hui se déplacer rien que pour constater que oui, effectivement, c’est la semaine prochaine. Une autre absurdité organisationnelle consiste en le fait que tous les cours magistraux de l’institut de science politique, qui sont au grand total de quatre, sont concentrés sur les mêmes plages horaires le mardi et le mercredi. Les séminaires de troisième année d’études étant eux-mêmes également très rares et ayant lieu les mêmes jours que les cours magistraux, il s’ensuit que je vais sans doute avoir entre 6 et 8 heures de cours chaque mercredi, et rien ou presque le lundi, jeudi et vendredi. C’est « quatsch » comme on dit ici : n’importe quoi. La première semaine est également l’occasion de quelques petits moments de solitude, lorsqu’on se rend compte que l’on est le seul étudiant Erasmus à avoir choisi ce cours au nom décidément très rebutant (celui sur le fédéralisme notamment). Autour de soi papotent gaiement les étudiants allemands à une vitesse supersonique, sans laisser la moindre interstice dans laquelle une petite étudiante française pourrait glisser trois mots. Je sens que l’expérience va encore se renouveler la semaine prochaine dans mon cours de « Théories d’intégration européenne » ; par chance, j’ai décidé d’éviter le cours de « Théories du parlementarisme »… Si les approches théoriques leur sortent par les trous de nez par ici, j’ai tout de même réussi à dégoter une place dans un séminaire sur le cinéma allemand, ainsi qu’un cours magistral d’introduction à l’architecture du vingtième siècle (qui en toute logique lui a lieu dans le bâtiment de la fac de droit).

En attendant, je m’évertue au possible afin de finir mon satané Hausarbeit sur la politique européenne d’immigration et d’asile. C’est d’ailleurs à partir d’un ordinateur de la fac que j’écris ce billet (le clavier allemand n'a plus de secrets pour moi), lieu plus propice à la concentration et à situé à proximité d’un nombre de machines à café beaucoup plus important que ma propre chambre. Permettez moi de me souhaiter à moi même bon courage par l'intermédiaire de ce blog...

mercredi 9 avril 2008

Hausarbeit macht frei, ou à qui décerner la faute de la forteresse Europe

L’année universitaire en Allemagne est traditionnellement divisée en deux semestres, comme nous en avons la coutume en France, à l’exception notable du fait que les étudiants disposent ici de deux mois de vacances entre le semestre d’hiver et celui d’été, et non de deux semaines. C’est l’occasion de voyager, comme vous avez pu le constater, mais aussi d’effectuer des stages ou de travailler. Une autre occupation principale consiste à finir les mémoires (les « Hausarbeit ») dus pour des conférences effectuées le semestre précédent. Cela a notamment été mon cas : ayant pendant plusieurs mois agonisé sur ces travaux, il me semble raisonnable de partager ouvertement mes peines vis-à-vis de cette tâche apparemment insurmontable. Il s’agit de rédiger une vingtaine de pages pour ma conférence de méthode sur « La politique de Justice et Affaires Intérieures dans le système de gouvernance à plusieurs niveaux de l’Union Européenne » - titre qui ne m’a jamais vraiment semblé très limpide, vu que n’y ont été abordés ni ce dont recèle cette politique en question, ni ces fameux « niveaux de gouvernance ». Inutile d’expliquer à quel point j’ai amèrement regretté le choix de ce cours : il fallut rédiger un exposé sur « La dimension extérieure de la politique de Justice et Affaire Intérieures », expérience qui donna lieu aux 90 minutes les plus humiliantes de mon existence (à l’exception de ce concert de fin d’année en quatrième). Soit. A présent, pour remplir mes obligations de scolarité, il me faut compléter un Hausarbeit d’une vingtaine de pages sur le sujet de mon choix ; en picorant quelque peu ici et là dans le thème de mon exposé, cela donne à peu près cette horreur : « L’externalisation est-elle l’étape finale du processus de sécuritarisation de la politique européenne d’immigration et d’asile ? » (en allemand).

Ce billet n’a cependant pas uniquement pour but de déplorer mon triste sort ou de montrer à tout le monde à quel point j’affronte avec aplomb et opiniâtreté l’adversité académique. Non, il s’agit de vous éclairer davantage sur le sujet que j’étudie, et qui s’avère en vérité être (parfois) assez passionnant. L’immigration et le droit d’asile sont des domaines politiques sensibles traditionnellement liés à la souveraineté des Etats, le contrôle de l’accès au territoire restant une prérogative nationale. C’est pourquoi l’Union Européenne n’a que tardivement dans son développement commencé à en partager la gestion avec ses membres, la discussion de tels thèmes restant d’abord limitée à des forums de coopération internationale dans les années 80. L’ouverture des frontières étant de mise dans le cadre de l’espace Schengen, les responsables politiques nationaux appellent alors à la mise en place de politiques de contrôle de l’immigration aux frontières extérieures et de coopération policière à l’intérieur des frontières afin de « compenser » la liberté de circulation en Europe. Ce n’est qu’en 1992 avec la signature du traité de Maastricht et la création de la politique de Justice et Affaires Intérieures (JAI) que ces thèmes entrent de plain-pied dans le domaine communautaire (même si la prise de décision restait en grande partie encore sujette à un accord à l’unanimité entre tous les Etats).

Ce que les articles académiques sur le sujet tendent à montrer est que ces développements au niveau européen reflètent un changement dans la perception de l’immigration au lendemain de la chute du mur de Berlin : les tensions internationales résultant de l’affrontement des deux blocs étant résolues, de nouvelles « menaces » tendent à apparaître dans le discours politique comme dans la presse et l’opinion publique, telles que les réseaux de criminalité organisée, les trafics transfrontaliers illégaux en tous genres ainsi que le terrorisme. L’abolition des frontières internes contribue à former dans l’opinion des politiques ainsi que du public la perception de telles menaces comme émanant d’au-delà des frontières européennes, d’où la nécessité de contrôler d’autant plus strictement l’accès d’immigrants potentiellement dangereux au territoire national. C’est le début de ce que l’on tend à appeler « la forteresse Europe », le mirage miroitant au-delà du rivage de Tanger ; ce territoire bouclé ne fait qu’inviter davantage les clandestins, dont nombreux finissent tragiquement morts noyés sur les plages espagnoles ou italiennes.

Mais si les frontières de l’Union souffrent d’un tel degré de fermeture, c’est surtout du fait de l’action concertée des responsables politiques nationaux, et non des organes communautaires que sont le Parlement et la Commission. Les réunions des ministres de l’intérieur de l’Union qui ont lieu régulièrement au sein de l’institution du Conseil des ministres constituent un environnement favorable pour ces derniers. Non seulement ceux-ci sont-ils très souvent sur la même longueur d’onde quand aux mesures qu’il convient de poursuivre (restriction de l’accès au territoire, contrôle des flux en partenariat avec Etats tiers), du fait de leur expérience semblable dans leurs ministères respectifs ; mais l’absence de contrôle parlementaire et juridictionnel dans le processus de décision permet également de surmonter les obstacles que ces mêmes décisions eussent rencontré au niveau national. Bref, le Conseil des ministres permet aux responsables exécutifs nationaux de prendre des mesures plus restrictives en toute impunité. La Commission et le Parlement, en revanche, oeuvrent depuis la création de cette politique à la rendre plus englobante, c'est-à-dire à inclure dans les moyens utilisés à la fois des mesures restrictives de contrôle des flux aux frontières ainsi que des outils plus progressifs visant à éliminer les causes de l’immigration à la source ou de mieux intégrer les immigrants dans leur société d’accueil une fois ceux-ci arrivés. La Commission publie ainsi régulièrement des documents soulignant l’importance de compléter la lutte contre les flux de clandestins par des politiques d’aide au développement et d’investissements dirigées vers les pays d’origine. Si ces orientations sont prises en compte dans la mise en œuvre des politiques, il convient cependant de constater que la plupart des fonds alloués continuent à être utilisés pour renforcer les moyens de contrôles aux frontières, sans que le nombre de tentatives d’entrées sur le territoire connaisse de véritable inflexion. Pour que tout espoir d’améliorer la situation des immigrés en Europe puisse se réaliser, il faudrait octroyer davantage de pouvoir au Parlement européen, traditionnellement défenseur d’une approche plus ouverte et respectueuse des droits de l’homme ; il faudrait aussi qu’un travail de longue haleine s’effectue au niveau des opinions publiques nationales, afin d’évacuer le cliché de l’immigration comme source de criminalité, de chômage et de menaces à l’identité nationale. Ce n’est que par un travail effectif de communication positive de la part des politiques qu’un tel changement peut s’effectuer au long terme.


Voir aussi des informations sur la politique d'immigration sur le site de la Commission européenne.

jeudi 3 avril 2008

Allemagne, année 0 + un semestre

Je suis de retour à Tübingen et étrangement, je ne mange que du saucisson : non pas par nostalgie de la mère patrie, mais en l’absence de tout autre condiment encore comestible. A part des pâtes, il ne reste dans mon placard qu’un vieil oignon qui a pris une valeur sentimentale du fait de son long séjour chez moi et que j’ai l’intention de planter. Sinon, la cuisine commune de mon étage ayant été laissée aux soins de deux locataires mâles pendant un mois, nous avons du frôler la catastrophe sanitaire (je vous épargnerai la description de la poubelle « déchets organiques » laissée à ses propres dépens un mois durant).

D’ici une semaine ou deux cependant les autres colocataires devraient revenir et la vie en résidence reprendre son cours habituel. Résultat des courses après un mois de vacances : plusieurs milliers de kilomètres parcourus, zéro trace de soleil sur mon visage et un appartement dans le sixième arrondissement de Paris, à disposition dès le mois d’août. Bilan somme toute plutôt positif, non ?

Lisbonne

C’est avant tout la moyenne des températures de dix degrés supérieure à celle de Stuttgart qui a poussé deux voyageurs avides d’océan et de soleil vers les côtes lisboètes, lovés sur les bords du Tage. Entre un petit saut en tram le long des sinueuses rues aux murs blanchis et de savoureux poissons grillés, nos amoureux ont pu s’offrir une revigorante cure d’air marin. La est dominée par un certain nombre de collines : nous y avons cherché toute une soirée durant, dans un épisode décidément très kafkaïen le mystérieux château de Lisbonne, Castelo Sao Jorge, dont les remparts sont certes visibles de loin mais impossibles à trouver dans le labyrinthique dédale de rues de l’Alfama, la vieille ville. Ce quartier, la seule partie de Lisbonne qui ait survécu au tremblement de terre de 1755, est le berceau d’un style musical appelé le fado : chant mélancolique, accompagné d’une guitare, qui était couramment pratiqué dans les quartiers pauvres du Portugal avant de devenir populaire auprès de la bourgeoisie à l’époque de la dictature salazariste.

Un vrai plaisir pour les yeux, le nouveau quartier à l’architecture futuriste, construit à l’occasion de l’exposition universelle de 1999 comprend notamment la gare d’Oriente, avec ses voûtes rappelant alternativement des ogives gothiques ou d’immenses végétaux. On peut également y trouver le plus grand aquarium d’Europe. Autour d’un immense bassin, contenant l’équivalent de plusieurs piscines olympiques où évoluent des milliers de thons, de bars, de requins, de raies en tous genres, le visiteur peut apprécier dans les cinq bassins annexes toute la diversité de chacun des cinq continents. On frissonne d’être aussi près d’animaux que l’on ne voit normalement que dans des documentaires arte dans la sécurité de son salon, et l’on en sort exténué, écrasé par le sentiment de sa propre insignifiance face à la démesure de l’océan.
A noter de particulièrement chouette, le pont Vasco de Gama : 18km de long ! La visibilité ne permettant pas toujours d’en voir l’autre bout, le pont semble s’étendre à l’infini et disparaître poétiquement à l’horizon…

Lisbonne en images

Dans l'ordre : la vue sur le Tage du haut de la colline du quartier de l'Alfama; la tour de Belem, point de départ du navigateur Vasco de Gama et ancienne "tour de contrôle" maritime de l'estuaire; la gare d'Oriente; l'aquarium.





Frankfort et Berlin

Je n’ai que brièvement eu le temps de visiter Frankfort sur le Main, mais elle donne tout de suite l’impression au visiteur de cumuler beaucoup de contrastes. Ville de naissance de Goethe, elle est ainsi irrémédiablement liée au « Sturm und Drang » et au romantisme allemand ; en même temps, cela ne l’empêche pas d’être confortablement assise dans l’ère moderne, au vu de la concentration de banques de tout acabit dans le centre ville. La journée on voit « Mainhattan » sillonnée de banquiers et de businesswomen en complets et tailleurs ; quand ceux-ci vont se détendre le soir, ils se métamorphosent en gros fêtards dans les nombreux bars et boîtes de la ville. Mais malgré l’opulente richesse, ou justement du fait du prix élevé du mètre carré, vivent également au pied même de la tour de la BCE un grand nombre de clochards, d’ivrognes et de fous, rendus plus visibles encore par le contraste qu’ils offrent avec leur environnement. On est malheureusement tenté en les voyant d’en faire tout un symbole : l’Union Européenne, se réfugiant dans sa tour d’ivoire technocratique, bien loin des véritables préoccupations matérielles de ses citoyens.

Berlin offre également un tableau contrasté au regard du visiteur : ce que j’aime avant tout, et ce qui me frappe lors de chacune de mes visites, c’est comment la ville réussit à ne pas nier son passé, tout en se tournant résolument vers l’avenir. Partout la ville résonne du bruit des marteau-piqueurs et le paysage berlinois, visible du haut de la couple du Reichstag (de Norman Foster elle encore), est régulièrement entrecoupé de grande grues de construction multicolores. De nouveaux buildings à l’architecture innovante apparaissent ici et là ; les rues semblent en constante transformation. Certains bâtiments plus anciens, en revanche, comme le Berliner Dom, la cathédrale, semblent parfois laissés à leur propre sort, la couche de noirceur les recouvrant n’ayant pas encore été enlevée. Cela frappe particulièrement lorsqu’on vient de Paris, où une grande œuvre architecturale est construite tous les vingt ans, et où les monuments sont constamment nettoyés, rénovés, afin qu’ils brillent de tous leurs feux sous les flashs des touristes. Berlin, clairement, se projette dans l’avenir. Cependant, le poids du passé est toujours bien présent, sans que quiconque ne cherche à le nier. Il suffit de visiter le Musée Juif et le mémorial de la Shoah, une expérience dense en émotions, pour s’en rendre compte. Une autre exposition organisée par le ministère de l’Intérieur lui-même rend compte du fonctionnement de la Stasi, que d’aucuns connaissent mieux du fait du film « La vie des autres ». En quelques salles riches en documents on découvre avec horreur ce monstre tentaculaire, froid et calculateur qu’était la police secrète est-allemande. En 1989, 263 000 personnes y collaboraient, soit directement comme collaborateurs, soit indirectement en tant qu’informateurs. Il est assez effrayant de constater comment il était déjà possible d’espionner les gens dans les années soixante, avec les appareils photos et caméscopes énormes de l’époque cachés dans un arrosoir ou dans une poussette, ou des microphones dans des stylos. Je n’ai pu m’empêcher de songer avec paranoïa comment il doit être facile et tentant pour les gouvernements d’aujourd’hui, avec toutes les nouvelles technologies à leur disposition, de s’insérer subrepticement dans la vie privée de leurs citoyens. Sur une note plus optimiste, cela permet de prendre conscience de la chance que l’on a de vivre dans des sociétés libres et démocratiques.

Frankfort et Berlin (bis)

Mon appareil ayant tragiquement rendu l’âme en plein milieu de mon séjour je ne dispose pas de beaucoup de photos. Voici donc un ultra-condensé photographique du voyage: la Banque Centrale Européenne, et les tours de Frankfort (dans la 2e photo, la Commerz Bank de Norman Foster). Le mur de Berlin et le bâtiment de l’ex-Reichstag, aujourd’hui parlement de la république fédérale allemande.











Paris…

… ne change pas vraiment d’une visite à l’autre. En matière d’expositions, j’ai pu voir « Man Ray, Unconcerned but not indifferent » à la Pinacotèque à la Madeleine. Visite quelque peu décevante, bien qu’elle ait de le mérite de présenter les différentes phases de la vie de Man Ray ; j’eusse attendu davantage de photographies de son époque la plus réussie, le dada et le surréalisme. Très peu de ses fameux « rayogrammes » sont également à trouver. Sinon, j’ai enfin visité l’étage supérieur des collections permanentes du Musée d’art moderne du Centre Pompidou. Une collection magistrale, dense et exténuante qui couvre grosso modo les quarante premières années du siècle de Kandinsky à Mondrian en passant par Picasso, Fernand Léger, Chagall, Bracque, Marcel Duchamp et tant d’autres.
La grande nouvelle, c’est avant tout que j’ai trouvé une chambre pour mon retour à Paris. A Saint Germain, côté Saint Sulpice. Dur dur de quitter la rive gauche !