En attendant, je m’évertue au possible afin de finir mon satané Hausarbeit sur la politique européenne d’immigration et d’asile. C’est d’ailleurs à partir d’un ordinateur de la fac que j’écris ce billet (le clavier allemand n'a plus de secrets pour moi), lieu plus propice à la concentration et à situé à proximité d’un nombre de machines à café beaucoup plus important que ma propre chambre. Permettez moi de me souhaiter à moi même bon courage par l'intermédiaire de ce blog...
blog européen
lundi 14 avril 2008
La solitude de l’étudiant Erasmus dans les cours de théorie politique
mercredi 9 avril 2008
Hausarbeit macht frei, ou à qui décerner la faute de la forteresse Europe
Ce billet n’a cependant pas uniquement pour but de déplorer mon triste sort ou de montrer à tout le monde à quel point j’affronte avec aplomb et opiniâtreté l’adversité académique. Non, il s’agit de vous éclairer davantage sur le sujet que j’étudie, et qui s’avère en vérité être (parfois) assez passionnant. L’immigration et le droit d’asile sont des domaines politiques sensibles traditionnellement liés à la souveraineté des Etats, le contrôle de l’accès au territoire restant une prérogative nationale. C’est pourquoi l’Union Européenne n’a que tardivement dans son développement commencé à en partager la gestion avec ses membres, la discussion de tels thèmes restant d’abord limitée à des forums de coopération internationale dans les années 80. L’ouverture des frontières étant de mise dans le cadre de l’espace Schengen, les responsables politiques nationaux appellent alors à la mise en place de politiques de contrôle de l’immigration aux frontières extérieures et de coopération policière à l’intérieur des frontières afin de « compenser » la liberté de circulation en Europe. Ce n’est qu’en 1992 avec la signature du traité de Maastricht et la création de la politique de Justice et Affaires Intérieures (JAI) que ces thèmes entrent de plain-pied dans le domaine communautaire (même si la prise de décision restait en grande partie encore sujette à un accord à l’unanimité entre tous les Etats).
Ce que les articles académiques sur le sujet tendent à montrer est que ces développements au niveau européen reflètent un changement dans la perception de l’immigration au lendemain de la chute du mur de Berlin : les tensions internationales résultant de l’affrontement des deux blocs étant résolues, de nouvelles « menaces » tendent à apparaître dans le discours politique comme dans la presse et l’opinion publique, telles que les réseaux de criminalité organisée, les trafics transfrontaliers illégaux en tous genres ainsi que le terrorisme. L’abolition des frontières internes contribue à former dans l’opinion des politiques ainsi que du public la perception de telles menaces comme émanant d’au-delà des frontières européennes, d’où la nécessité de contrôler d’autant plus strictement l’accès d’immigrants potentiellement dangereux au territoire national. C’est le début de ce que l’on tend à appeler « la forteresse Europe », le mirage miroitant au-delà du rivage de Tanger ; ce territoire bouclé ne fait qu’inviter davantage les clandestins, dont nombreux finissent tragiquement morts noyés sur les plages espagnoles ou italiennes.
Mais si les frontières de l’Union souffrent d’un tel degré de fermeture, c’est surtout du fait de l’action concertée des responsables politiques nationaux, et non des organes communautaires que sont le Parlement et la Commission. Les réunions des ministres de l’intérieur de l’Union qui ont lieu régulièrement au sein de l’institution du Conseil des ministres constituent un environnement favorable pour ces derniers. Non seulement ceux-ci sont-ils très souvent sur la même longueur d’onde quand aux mesures qu’il convient de poursuivre (restriction de l’accès au territoire, contrôle des flux en partenariat avec Etats tiers), du fait de leur expérience semblable dans leurs ministères respectifs ; mais l’absence de contrôle parlementaire et juridictionnel dans le processus de décision permet également de surmonter les obstacles que ces mêmes décisions eussent rencontré au niveau national. Bref, le Conseil des ministres permet aux responsables exécutifs nationaux de prendre des mesures plus restrictives en toute impunité. La Commission et le Parlement, en revanche, oeuvrent depuis la création de cette politique à la rendre plus englobante, c'est-à-dire à inclure dans les moyens utilisés à la fois des mesures restrictives de contrôle des flux aux frontières ainsi que des outils plus progressifs visant à éliminer les causes de l’immigration à la source ou de mieux intégrer les immigrants dans leur société d’accueil une fois ceux-ci arrivés. La Commission publie ainsi régulièrement des documents soulignant l’importance de compléter la lutte contre les flux de clandestins par des politiques d’aide au développement et d’investissements dirigées vers les pays d’origine. Si ces orientations sont prises en compte dans la mise en œuvre des politiques, il convient cependant de constater que la plupart des fonds alloués continuent à être utilisés pour renforcer les moyens de contrôles aux frontières, sans que le nombre de tentatives d’entrées sur le territoire connaisse de véritable inflexion. Pour que tout espoir d’améliorer la situation des immigrés en Europe puisse se réaliser, il faudrait octroyer davantage de pouvoir au Parlement européen, traditionnellement défenseur d’une approche plus ouverte et respectueuse des droits de l’homme ; il faudrait aussi qu’un travail de longue haleine s’effectue au niveau des opinions publiques nationales, afin d’évacuer le cliché de l’immigration comme source de criminalité, de chômage et de menaces à l’identité nationale. Ce n’est que par un travail effectif de communication positive de la part des politiques qu’un tel changement peut s’effectuer au long terme.
Voir aussi des informations sur la politique d'immigration sur le site de la Commission européenne.
jeudi 3 avril 2008
Allemagne, année 0 + un semestre
D’ici une semaine ou deux cependant les autres colocataires devraient revenir et la vie en résidence reprendre son cours habituel. Résultat des courses après un mois de vacances : plusieurs milliers de kilomètres parcourus, zéro trace de soleil sur mon visage et un appartement dans le sixième arrondissement de Paris, à disposition dès le mois d’août. Bilan somme toute plutôt positif, non ?
Lisbonne
Un vrai plaisir pour les yeux, le nouveau quartier à l’architecture futuriste, construit à l’occasion de l’exposition universelle de 1999 comprend notamment la gare d’Oriente, avec ses voûtes rappelant alternativement des ogives gothiques ou d’immenses végétaux. On peut également y trouver le plus grand aquarium d’Europe. Autour d’un immense bassin, contenant l’équivalent de plusieurs piscines olympiques où évoluent des milliers de thons, de bars, de requins, de raies en tous genres, le visiteur peut apprécier dans les cinq bassins annexes toute la diversité de chacun des cinq continents. On frissonne d’être aussi près d’animaux que l’on ne voit normalement que dans des documentaires arte dans la sécurité de son salon, et l’on en sort exténué, écrasé par le sentiment de sa propre insignifiance face à la démesure de l’océan.
A noter de particulièrement chouette, le pont Vasco de Gama : 18km de long ! La visibilité ne permettant pas toujours d’en voir l’autre bout, le pont semble s’étendre à l’infini et disparaître poétiquement à l’horizon…
Lisbonne en images
Frankfort et Berlin
Berlin offre également un tableau contrasté au regard du visiteur : ce que j’aime avant tout, et ce qui me frappe lors de chacune de mes visites, c’est comment la ville réussit à ne pas nier son passé, tout en se tournant résolument vers l’avenir. Partout la ville résonne du bruit des marteau-piqueurs et le paysage berlinois, visible du haut de la couple du Reichstag (de Norman Foster elle encore), est régulièrement entrecoupé de grande grues de construction multicolores. De nouveaux buildings à l’architecture innovante apparaissent ici et là ; les rues semblent en constante transformation. Certains bâtiments plus anciens, en revanche, comme le Berliner Dom, la cathédrale, semblent parfois laissés à leur propre sort, la couche de noirceur les recouvrant n’ayant pas encore été enlevée. Cela frappe particulièrement lorsqu’on vient de Paris, où une grande œuvre architecturale est construite tous les vingt ans, et où les monuments sont constamment nettoyés, rénovés, afin qu’ils brillent de tous leurs feux sous les flashs des touristes. Berlin, clairement, se projette dans l’avenir. Cependant, le poids du passé est toujours bien présent, sans que quiconque ne cherche à le nier. Il suffit de visiter le Musée Juif et le mémorial de la Shoah, une expérience dense en émotions, pour s’en rendre compte. Une autre exposition organisée par le ministère de l’Intérieur lui-même rend compte du fonctionnement de la Stasi, que d’aucuns connaissent mieux du fait du film « La vie des autres ». En quelques salles riches en documents on découvre avec horreur ce monstre tentaculaire, froid et calculateur qu’était la police secrète est-allemande. En 1989, 263 000 personnes y collaboraient, soit directement comme collaborateurs, soit indirectement en tant qu’informateurs. Il est assez effrayant de constater comment il était déjà possible d’espionner les gens dans les années soixante, avec les appareils photos et caméscopes énormes de l’époque cachés dans un arrosoir ou dans une poussette, ou des microphones dans des stylos. Je n’ai pu m’empêcher de songer avec paranoïa comment il doit être facile et tentant pour les gouvernements d’aujourd’hui, avec toutes les nouvelles technologies à leur disposition, de s’insérer subrepticement dans la vie privée de leurs citoyens. Sur une note plus optimiste, cela permet de prendre conscience de la chance que l’on a de vivre dans des sociétés libres et démocratiques.
Frankfort et Berlin (bis)
Paris…
La grande nouvelle, c’est avant tout que j’ai trouvé une chambre pour mon retour à Paris. A Saint Germain, côté Saint Sulpice. Dur dur de quitter la rive gauche !