blog européen

mercredi 26 décembre 2007

Petites news

J'espère que tout le monde a passé un joyeux Noël !

Me voici de retour à Nantes chez les parents pour les vacances: au programme, remise au point physique et rechargage de batteries afin d'envisager sereinement les deux prochains tiers de mon séjour Erasmus en Allemagne. Je dors en moyenne 11 heures par nuit (13,5 le premier soir), et carbure à hauteur de deux longs bains mousseux par jour environ, ce qui a pour résultat que je passe mes journées à trainer en peignoir de bain dans la maison, à bouquiner ou à regarder des films sur mon ordi. Le soir, repas gargantuesques, période de fêtes oblige... Une petite ballade à la mer, histoire de vider mes poumons une bonne fois pour toutes de cet air continental tübinguois m'a également fait très plaisir.

Tout cela était de rigueur au vu de ma dernière semaine de cours : pour tous ceux à qui je ne l'ai pas encore dit, mon horrible exposé ("la dimension externe de la politique de justice et affaires intérieures de l'UE") a été, comme prévu, d'un ennui mortel. On a essayé de me poser une question à laquelle je n'ai pas pu répondre, engendrant beaucoup de "euh" et de circonvolutions des mains. J'ai également pu finir in extremis l'essay qui était du pour le lendemain et que je n'avais pas encore eu l'occasion de commencer... Bref, après plusieurs semaines de stress relatif (après tout, cela reste dans le cadre d'erasmus) je savoure à présent mon repos.

Je combine en ce moment plusieurs lectures simultanées: ni Mort à crédit, de Céline, ni Le Proche Orient éclaté (je le traine depuis un moment celui la), et en aucun cas Anna Politkovskaïa (Tchétchénie : Le déshonneur russe) ne correspondent à l'esprit festif du moment. Leur juxtaposition avec les vieux films de noël en technicolor qui passent à la télévision anglaise est d'ailleurs des plus étrange... La lecture du Déshonneur russe, témoignage des évènements en Tchétchénie depuis le déclenchement de la deuxième guerre par le Kremlin en 1999 est un rappel particulièrement rude que la brutalité et le chaos moral existent encore aujourd'hui aux portes de l'Europe, qui célèbre actuellement sa paix et son unité.

Je m'en vais donc méditer gaiement ces atrocités à Paris à partir du 28 décembre jusqu'au 4 janvier environ, où j'espère que j'aurai l'occasion de revoir du monde et de me replonger pour un temps dans mon personnage d'intello rive gauche, qui fréquente moultes expositions et va trainer ses basques dans les salles des cinémas d'art et essais du cinquième arrondissement. Puis, j'operrai un retour rapide à Tübingen, avant de filer sous le soleil madrilène gouter des tapas et essayer de ne pas me faire voler mon sac à main... à condition qu'il fasse beau, bien sûr.

Je finis donc ce message en souhaitant une très folle sainte sylvestre à tous (au passage, si quelqu'un est à Paris ce soir là et veut m'inviter, je suis dispo!!)

jeudi 29 novembre 2007

Appel à l'indulgence de mes lecteurs (2)

... ou une leçon sur comment il ne faut jamais crier victoire trop tôt

reçu ce soir à 19:28 :

Bonsoir,
Ma demande était une erreur. Je vous prie de n'en tenir aucun compte.
Je vous recontacterai ultérieurement si besoin,
Excellent année encore,

...


Je suis vraiment toute dépitée !

Appel à l'indulgence de mes lecteurs

Je sais que je me la pète un peu en publiant cette entrée, mais cela fait quand même plaisir ce recevoir ce genre de mail :

Bonjour,
Je me permets de vous contacter en qualité d'assistant d'enseignement du cours Histoire et Droit des Etats du Professeur Jean PICQ .
Je dispose, en version imprimé, de votre fiche de relecture de fin de semestre 2007. Eu égard à sa qualité, Monsieur PICQ souhaiterait l'obtenir en version électronique.
Je vous serais gré de bien vouloir me l'envoyer à cette adresse avant le 15 décembre.
Bien à vous, et excellente année à l'étranger,

etc...

Le seul bémol, c'est la petite faute d'orthographe ( il me semble qu'il faudrait rajouter un "e" à la fin de "en version imprimé"), cela ne fait pas très sérieux :)

jeudi 22 novembre 2007

Ich bin Heidelberger

Heidelberg, c'était mon premier choix dans ma liste de voeux pour la troisième année...

Son tram...

Son schloss (chateau)...


Sa bibliothèque universitaire (!!)


Ce à quoi aurait pu ressembler la maison de Hannah Arendt avant qu'elle soit détruite dans les années soixante (pour laisser place à ... un terrain vague)
Une vue de la ville, prise du chateau.




Mais bon, pas de regrets :)

Détails qui vallent la peine d'être mentionnés :
- D'après wikipédia, cette ville a aussi donné son nom à l'Homo heidelbergensis, ancêtre de l'homme de Néanderthal, découvert en 1907 dans la région.
- à l'auberge de jeunesse où nous avons passé la nuit séjournait également l'équipe nationale de rugby... moldave. En vue d'un match contre l'Allemagne, visiblement les pré-qualifications au championnat européen.
Je n'avait encore jamais rencontré de Moldaves. Comme le noble dans les Lettres Persanes qui demandait avec ingénuité "Mais comment peut-on être Persan?", l'ouest-européenne ehtnocentrique en moi a envie de dire "Mais comment peut-on être Moldave?"

Récit d'une acculturation

La métamorphose est lente mais continue : je deviens peu à peu allemande.

- Je lis Kafka.

- Je mange "fit" : à six heures et demie du soir, je grignote une brezel achetée plus tot dans la journée ou des galettes au riz. Le matin, müsli (avec le ¨ s'il vous plaît).

- Ce soir, je suis allée au "Superfitness" gratuit et hebdomadaire offert par l'université, soit une heure et demie de jogging et exercices divers.

-Je pourrais trier mes déchets dans le noir.

- Je bois de la bière. Pour moi, 2,70 euros le demi-litre de pression dans la meilleure brasserie de la ville, cela commence à faire un petit peu cher.

- Quand je parle français, je finis toutes mes phrases par "ou bien?" ("oder?")

- Je fais davantage attention aux vélos qu'aux voitures quand je traverse la rue...

- Je suis complètement blasée par les Mercedes et les Volkswagen, la sauce marron qu'ils foutent tous les jours sur la bouffe au resto U et la musique techno dans ma résidence jusqu'à une heure du matin...

samedi 10 novembre 2007

Week-end à Fribourg

L'idée de faire une petite excursion à Fribourg flottait dans l'air depuis quelques temps déjà. Il s'agissait plus précisément pour les six autres étudiants de philo qui m'accompagnaient de se faire un petit week-end heideggérien : Fribourg ayant été la ville de Heidegger, d'une part, d'autre part parce que la visite de sa hutte, située à quelque 30 km plus loin dans un petit village enfoui au creux d'une vallée en pleine forêt noire, constituait une bonne opportunité de ballade.

Après une semaine de délibérations et de minis-topos organisationnels, nous sommes enfin sept braves âmes qui embarquons à 8h du matin à la gare de Tübingen. Destination: le Dasein, les limites de l'être et du néant... On peut les atteindre très facilement, avec l'achat d'un "Baden-Wurtemberg Ticket", qui - pour un modique prix de 27 euros, permet à cinq personnes de se déplacer pendant 24 heures sur presque toutes les lignes de la région. L'attrape réside dans le "presque toutes les lignes" : les trains rapides, l'équivalent de notre TGV, nous étant exclus, il nous a fallu 3h et demie et pas moins de 4 correspondances pour franchir une distance de 200 km. Mais je commence à avoir l'habitude des trains allemands...

Arrivés à Fribourg, nous allons déposer nos affaires à l'auberge de jeunesse ou nous prévoyons de passer la nuit. Celle-ci est très pittoresquement située un petit peu en retrait de la ville, au bout d'un chemin qui nous fait passer par-dessus un charmant petit ruisseau. Nous enchaînons avec une visite du centre ville et de "Münster", la cathédrale. Là-bas, Heidegger est une véritable superstar: on trouve son portrait accroché dans les vitrines des librairies, entouré de photos d'Hannah Arendt et d'autres personnes dont les noms sont plus illustres que les figures.

La cathédrale est un magnifique édifice gothique de pierre rose, au pied duquel se tient tous les samedis un petit marché où l'on peut déguster... ben, oui, de la wurst. Le centre-ville historique a été presque entièrement rasé pendant la guerre, à l'exception de la cathédrale, miraculeusement préservée des bombes. Ci-dessous, ce à quoi ressemblait la ville en 1945 :

Depuis, les travaux de reconstruction ont permis de ressusciter les vieilles maisons à colombage, les tours et les rues bordées de petits canaux dans lesquels il est très facile de trébucher (d’après la légende locale, c’est un signe que l’on va se marier l’année suivante).


Après avoir visité le clocher, la fatigue nous pousse dans un petit café... auquel fera immédiatement suite un bar, puis un resto... puis un autre bar. Le fait pour moi d'être une non-initiée de la philosophie est parfois difficile, surtout quand après un ou deux verres de vins, mes compagnons de voyage se mettent tous à contrer du Aristote par du Husserl ou à se rappeler des points de métaphysique chez St Thomas d'Aquin... Quoi qu'il en soit, je persiste à poser des questions bêtes, comme "dis, c'est quoi le Dasein??" et je fais de mon mieux pour me souvenir de mon cours de terminale; rien y fait, je me suis quand même faite traitée de sale relativiste !

Le lendemain, réveil aux aurores (8h) pour reprendre une succession de trains et de bus qui nous déposent enfin au beau milieu des verts pâturages de la forêt noire, aux environs du village de Totenauerberg, notre but. Après environ cinquante minutes de marche, dont je dirais environ 20 en montée abrupte, nous atteignons enfin le sommet de la colline, et le village.

Nous nous restaurons brièvement à grands renforts de soupe au goulasch dans une auberge typiquement sud-allemande, où la serveuse porte la traditionnelle robe pigeonnante de la région, puis continuons notre ascension à la fois physique et intellectuelle vers le « Heidegger Rundweg », le parcours heideggérien.

Trouvaille inattendue lors de notre chemin de croix : une paire de llamas en train de brouter tranquillement au milieu des vaches…

Enfin, comme lors de la sortie de la caverne de Platon, le soleil nous éclaire de ses doux rayons, et nous révèle une affreuse petite cabane aux volets verts, demeure de feu l’un des philosophes les plus influents du vingtième siècle. Nous avons atteint le but de notre week-end et sommes très contents.

Les acteurs de ce week-end, de gauche à droite : la hutte de Heidegger (Allemagne), Matthieu (France), Matthias et Soren (Danemark), Halvor (Norvège), Attilio (Italie) et Anders (Danemark).

vendredi 26 octobre 2007

Première semaine de cours !

Après plus d'un mois de glande, il a été difficile mais salutaire de se remettre à se lever tot pour aller humer l'air des amphithéatres tübinguois.

Mardi 9h : mon premier "Seminar", équivalent allemand des conférences de méthode à sciences po : un prof, 25 élèves, des exposés, encore et toujours des exposés... J'y vais tout de même avec une certaine dose d'anxiété, n'ayant meme pas compris l'intitulé du cours (quelque chose à voir avec de l'analyse comparée de systèmes à plusieurs niveaux dans l'UE...) Oubliant que les Allemands ont depuis longtemps acquis la pratique du quart d'heure académique, je pédale de toutes mes petites jambes pour arriver à 9h pile... devant une salle toute vide et noire! Heureusement, ce ne devait être encore un autre cours fantôme comme il m'en est arrivé pendant la "première" semaine de cours (pour une raison que j'ignore, les cours de l'institut de sciences politiques commencent une semaine après tout le monde). Ô miracle, j'ai même pu à peu près comprendre de quoi il s'agissait: une étude approfondie des politiques de justice et affaires intérieures de l'Union Européenne... Dans la foulée, je me suis donc inscrite pour un "Referat", un exposé, à la différence qu'en Allemagne ceux-ci durent environ 45 minutes! Mes premiers cours magistraux ("Vorlesungen") ne se sont pas trop mal passés non plus : je me suis moi-même épatée, comprenant entre 70 et 80% de ce qui était dit.
Ce premier pas ayant été franchi, je me sens à présent une vraie étudiante Erasmus, capable d'affronter tous les défis (douze heures de cours par semaine) et bravant fièrement les subtilités de chaque matière (tout en attendant beaucoup d'indulgence de la part des profs et des élèves).

Mercredi : 3 heures de cours, suivis d'une session sportive très peu banale, à quoi il faut rajouter une énième "Erasmus Party" qui a fini par s'étioler vers 3 heures et demie du matin. Les cours en question: un cours magistral d'histoire de l'art sur "Les Modernes" (je me suis fait plaisir), suivi d'un autre Vorlesung plus reposant car en anglais, portant sur les organisations internationales. Après cet effort intellectuel intense, rien de mieux qu'une bonne part d'"Apfelstrudel" entre copines, (gateau roulé aux pommes et à la canelle, réchauffé et servi avec de la crème à la vanille) dans ce qui est devenu mon café de prédilection. On peut non seulement y manger, mais également choisir sur quel type de coussin l'on préfère poser ses fesses ! Il existe en effet selon ses humeurs des coussins durs, des coussins moelleurs, des coussins à graines, etc. Cette dose de sucre et de gras ayant été ingérée, l'inimaginable a lieu: dans un sursaut incompréhensible d'énergie, je quitte ma chambre pour sortir dans la nuit noire et aller jouer du "Frauenfussball", du football féminin, par 8 degrés au "Sportzentrum". Je suis d'avis qu'il faut tout essayer au moins une fois, dans les limites du raisonable. Le plus drôle, c'est que l'expérience a plutôt bien réussi : une bonne ambiance, plein d'autres étudiantes étrangères et de l'exercice physique que l'on ne sent pas passer. J'ai envie d'y retourner la semaine prochaine : je vous tiendrai au courant de la bonne tenue de cette résolution!
Après une heure et demie de joujou avec des balles, je suis un peu fatiguée. Mais cela n'a que peu d'importance : le rythme frénétique erasmusien suit son cours, en dépit du, ou plutôt en vertu du début du semestre. Les fêtes se démultiplient ainsi au fur et à mesure des semaines: ce soir-là, party au "Kookoo's Club" de Fichtenweg, un grand complexe de résidences étudiantes au nord de la ville. L'endroit a beau être un peu difficile d'accès, il y règne une ambiance des plus sympathiques.

Jeudi : ayant très peu dormi, il faut que je m'accroche pour bien suivre mon premier cours magistral sur le conflit israélo-palestinien, pendant lequel on nous assène directement du "1993-2001 : Processus de paix ?". A la fin des deux heures, je voyais valser
autour de ma tête les Oslo I, les Camp David et les Oslo II ... Le reste de la journée par contre a été d'une banalité assez reposante : restaurant universitaire, visite guidée de la bibliothèque, suite sans fin de tisanes, pâtes et sommeil. On fini bien par retrouver ses repères...

Aujourd'hui : deux heures de cours (Analyse comparée des systèmes politiques du Moyen-Orient) et petit saut de puce bien mérité vers Stuttgart pour la dose règlementaire de câlins! :)

Demain : on the road again, départ de mon week-end d'excursion à Fribourg! Oh joie d'avoir tant de choses à faire!

lundi 15 octobre 2007

"Sorry"

Vu dans le Monde du 16 octobre 2007:

mardi 9 octobre 2007

Affres ferroviaires

Je prévoyais de rentrer quelques jours en France pour régler quelques petits problèmes administratifs et voir de la famille. Avant de partir, j'ai fait la rencontre de 2 sur 3 de mes collocataires. Dommage : il a fallu que je doive rentrer en France la semaine où tout le monde emménage et pendant laquelle il est important de marquer son territoire... ENfin, me basant sur ce que j'ai déjà vu ailleurs, l'organisation est apparemment le maître-mot des collocations allemandes, et je m'attends à trouver en rentrant une feuille de roulement de nettoyage de la cuisine (avec check-list s'il vous plaît), de l'achat du PQ, du liquide vaisselle, etc.
Ainsi, je commande, comme j'en ai l'habitude, mes billets sur le site de la SNCF pour découvrir une semaine avant mon départ que je n'ai aucun moyen de me les faire envoyer/de les retirer, en l'absence de tout guichet SNCF en Allemagne. Logique, me dira-t-on, mais il fallait y penser. Plusieurs jours et 106 euros de carte de réduction allemande plus tard, je me retrouve le soir d'avant mon départ toujours sans billet pour l'aller. Acheter son billet à la dernière minute, c'est une mauvaise habitude que de fréquents aller-retours en TGV développent, et qui n'a pas en général d'incidence sur le prix et la disponibilité des places en France. J'ai ainsi malheureusement extrapolé ce genre de certitudes à propos du réseau ferroviaire allemand. Impossible de trouver des places pour le TGV du lendemain matin pour Paris, même à 6:55, le train étant complètement booké. Sinon il restait encore des places en première classe à 165 euros... Idem pour le train de nuit. Je me suis retrouvée à faire pas moins de 3 correspondances, rien que pour arriver à Strasbourg. Total du voyage Tübingen-Nantes : 7 trains différents, beaucoup de billets à faire composter.

Le détail du voyage :

Tübingen - Herrenberg
Herrenberg - Universität Stuttgart (pour faire coucou à mon amoureux)
Stuttgart - Karlsruhe
Karlsruhe - Offenburg (J'ai du regarder ou c'était sur une carte, en pensant que j'avais peut-être fait un détour par la Suisse)
Offenburg - Strasbourg (par TER alsacien dans la brume matinale...)
Strasbourg - Paris - passage à Sciences Po que j'eus souhaité éviter!
Paris - Nantes

S'il est compliqué d'obtenir un billet en Allemagne, en revanche, leurs trains sont d'une ponctualité absolument irréprochable. De même, la nouvelle déco design pompeuse Christian Lacroix des TGV ressemble vraiment à de la rigolade en comparaison avec le ICE, son équivalent allemand, qui est mieux conçu, beaucoup plus spacieux et confortable. Quoi qu'il en soit, je ne reprends pas le train avant... samedi, voyage pour lequel j'ai heureusement pu obtenir un train direct Paris-Stuttgart, et qui ne devrait durer que quatre petites heures !

Récit d'une course épique de canards (jaunes)

... ou la preuve par A + B que l'on peut être allemand et ne pas se prendre au sérieux



Le weekend dernier soufflait à Tübingen comme un vent de folie: le centre ville regorgeait de monde, enfants, jeunes et vieux, la plupart tenant une glace à la main sous le pâle soleil d'automne, et tous grouillant d'impatience à l'idée d'assister à l'évènement sportif de loin le plus commenté depuis quelques semaines : la course de petits canards. A trois euros le canard, l'on était capable de participer à une sorte de loterie aquatique qui consistait à déverser une benne entière de coins coins jaunes dans la rivière et d'attribuer des prix divers aux fiers propriétaires des cent premiers "coureurs". Les conditions météorologiques et de terrain peu optimales, c'est à dire zéro courant et vents contraires, ont rendu nécessaire l'intervention de braves kayakeurs (du club local, forcément) pour faire avancer le peloton.



Sur la berge se tenaient des stands non pas associatifs, ni même promotionnels, mais où l'on pouvait trouver de la wurst en très grande quantité (en doutait-on encore?) Pas de bière cette fois-ci, vu le nombre d'enfants présents.
Parenthèse: il me semble d'après mon expérience très limitée outre-Rhin que le phénomène de "l'enfant-roi" y est tout à fait exacerbé. Par exemple, sur le nombre de petites têtes (très) blondes que je vois dans la rue, nombreuses sont celles qui s'amusent à se faire courir après par leurs parents. D'autres font des crises au supermarché, fouillant dans mon panier... Mêmes les méthodes pédagogiques allemandes, très laxistes, attachent moins d'importance à la notation et la hiérarchie qu'en France. Cela doit venir d'une sorte d'allergie des Allemands à l'autorité...

Bref. Résultat de la course ? C'est évidemment le petit canard jaune qui a gagné...


Je vous invite également à faire la connaissance d'Heinrich, le petit canard Tübinguois, qui sera mon compagnon de voyage ici sur ce blog. Voici par exemple Heinrich dans un bar, regardant avec moi le match France-Nouvelle-Zélande.
Il s'agit d'un bar italien, le "Little Italy", dont l'ambiance n'est pas des meilleures mais qui a l'avantage de diffuser TF1 les soirs de match. La musique techno remplace les commentaires, donnant toute l'affaire un côté un peu déjanté mais non sans comique. Nous étions 4 ploucs à se déplacer jusque dans ce bar, dont un Alsacien avec un accent à couper au couteau et (fait notable) un néo-zélandais un peu seul et dépité. Il faudrait que je commence à rechercher activement quelqu'un chez qui je puisse regarder TV5 :)

mardi 2 octobre 2007

Petit roman photo d'une journée à Stuttgart



Bonjour! Je viens d'arriver à Stuttgart de Tübingen par le train de 9 heures! Je viens visiter ma moitié, qui passe malheureusement son temps à me photographier! Il est pourtant bien trop tôt pour moi, comme l'indiquent mes tous petits yeux. Un petit café en ville s'impose!

Devinette : cherchez l'erreur dans cette photo!

...


ceux qui ont répondu "ton sourire narquois" ont eu FAUX. Il fallait dire : le stand de hotdogs à 1 euro en arrière-plan !

La matinée sera dédiée à une visite du centre-ville: son art contemporain, ses parcs, ses églises néogothiques... Disons que ce fut une visite-éclair, car j'ai la flemme de m'y attarder.






Visite qui inclut également la grande rue commerçante de Stuttgart, la "Königstrasse", signifiant "la rue du roi", le monarque en ces temps modernes devenant bien évidemment le consommateur (comme l'illustre cette photo de moi en train de choisir entre trois paires de gants chez H&M).


Souvent, pour s'amuser, les voyageurs intrépides
Prennent le S-Bahn, vaste oiseau souterrain,
Qui glisse, indolent compagnon de transit,
Au travers du tissu péri-urbain.



A l'exception de son coût élevé, le métro stuttgartois est un modèle de transport public sur lequel le monde entier, et tout particulièrement Paris, devrait prendre exemple. La ville étant très étendue, le réseau est lui-même très vaste, comptant plus d'une quinzaine de lignes de métro et environ une demi-douzaines de lignes de S-Bahn, l'équivalent de luxe de notre RER. Ses rames sont spacieuses, propres, et ne gigottent pas comme chez Disneyland. La stressée du métro parisien que j'étais se trouve donc transportée au septième ciel... à l'exception, donc, du prix: 2,30 un trajet simple de S-Bahn. N'ayant vu presque aucun mendiant, j'en suis à me demander où les Allemands mettent leurs pauvres (peut-être à l'Est?); en tout cas, pas dans le métro.


La fin de cette journée bien remplie s'amorce inévitablement... deux alternatives, souvent combinées, se présentent alors à nos germanophiles en herbe: d'une part une petite shoppe de bière dans un "Biergarten" (terasse verdoyante où l'on sert des rafraîssements dont il est inutile de préciser la teneur), d'autre part une dégustation de mets divers tous constitués de viande de porc (ci-contre, une brochette de porc à la Volksfest).

Pour clore cette charmante journée, une petite ballade nocturne : simplement pour vous montrer que "Stuttgart, by night", cela peut aussi être très joli!

dimanche 30 septembre 2007

Oktoberfest : épisode 1

Il était clair avant même mon arrivée en Allemagne que mon séjour ici ne serait pas complet sans avoir effectué une visite de la fameuse Oktoberfest. Celle de Munich est évidemment la plus connue, mais pour des raisons logistiques relatives à la difficulté de trouver un logement à Munich, j'ai du m'en tenir à celle de Stuttgart, plus proche, moins onéreuse et où j'avais un toit pour la nuit. Il s'agit ici en fait d'une gigantesque foire avec pour attractions grandes roues, stands de tir, et des "brauerei" (brasseries) sous d'immenses tentes, où dès cinq heures de l'après-midi, l'on danse déjà sur les tables. Malgré un mélange de populations typique des fêtes foraines (beaufs, racailles et touristes), et des quelques bagarres qui émaillent la soirée, l'ambiance y est des plus chaleureuses. Tout le monde, sans exception, est gai comme un pinson. On y danse volontiers avec des inconnus sur de la musique kitsch, on se prend en photo toutes les deux minutes l'un dans les bras de l'autre, on boit jusqu'à perdre l'équilibre... Même sans avoir bu, on est gagné par l'euphorie du moment. Bref, je m'y suis amusée comme une petite folle.


D'après les cours de "interkulturelle Training" que j'ai reçus tout le long de mes deux semaines de stage d'intégration, l'étudiant Erasmus moyen connaît un "choc des cultures" au cours duquel plusieurs états psychologiques se succèdent. Au cours de la première phase, dite "d'euphorie", l'étudiant est fasciné par la nouveauté de son environnement et trouve tout absolument génial: nouveaux amis, bâtiments, nourriture, etc. C'est au cours de cette phase là que les clichés sur son pays d'accueil ont tendance à être invalidés par l'expérience de tous les jours. Par exemple: tiens, finalement les Allemands sont plus bordéliques qu'on le croyait, puisque leurs trains sont capables d'arriver en retard. Suivent les phases de "gueule de bois" et de "dépression", au cours desquelles le point de vue se retourne, et l'étudiant est à présent agacé par les éléments de sa culture d'accueil qui diffèrent des siens, et cherche à se recréer autour de lui un petit cocon de son pays d'origine.


Si l'on s'en tient à ce schéma, après un mois de séjour en Allemagne, je suis indubitablement toujours dans la phase d'euphorie: que j'aille à la fête de la bière avec mes nouveaux amis ou que je fasse les courses au supermarché du coin, je suis toujours particulièrement joyeuse et excitable.

Pour le reste cependant, je n'arrive pas à m'imaginer quels étaient les stéréotypes avec lesquels je suis arrivée en Allemagne; du coup, je ne peux pas vous dire s'ils ont été ou non balayés. Personnellement, je ne crois pas qu'il soit d'une grande utilité de réduire la richesse des expériences à l'étranger à une petite courbe bête et méchante, encore moins de nous la présenter afin de nous prévenir contre la fameuse phase de dépression. En matière de culture, la plupart des étudiants sont des gens assez sensés pour savoir qu'un stéréotype n'est jamais plus qu'un stéréotype, qu'il ait sa part de vérité ou non. C'est pourquoi il ne faut pas voir dans la fête de la bière l'incarnation suprême de la soit-disante "Bierkultur"; il s'agit à mes yeux d'une tradition qui comporte comme tous les fêtes de ce genre son lot de kitsch, volontairement étalé ou non: stands de Wurst tous les dix mètres, porcs entiers en borche grillant dans les rotisseries, les serveuses aux gorges pigeonnantes en robes traditionnelles et bière coulant à flots dans les grosses choppes de 1,5 L minimum (!)

dimanche 23 septembre 2007

Du concierge, de la mer par terre et autres aventures

S'il n'y a pas de "nature humaine" universellement reconnue, il doit forcément exister une nature commune à tous les concierges du monde. Le "Hausmeister" (le "maître de la maison") du Viktor-Renner Strasse 2, ma résidence, serait selon cette éventualité un véritable cas d'école.

Tous les étudiants internationaux qui ont cherché à y emménager depuis trois semaines ont du, comme moi, se lancer dans une recherche désespérée du mystérieux "Hausmeister", ce dernier étant le seul à détenir les clefs, et ne faisant que des apparitions rares et succintes dans les couloirs de la résidence (bien qu'il soit sensé y vivre). La recherche se transforme alors en une attente quasi-beckettienne, constituée de dialogues absurdes avec des inconnus (en l'occurrence les ouvriers qui travaillent encore sur le bâtiment) et d'un grand sentiment de vide.

Une fois que Godot - pardon - le Hausmeister est arrivé, celui-ci vous demande d'un ton bourru : "Vous avez le reçu?". Quel reçu? Bien évidemment, celui que vous êtes sensé avoir préalablement... reçu auprès de l'administration. Vous venez à peine d'arriver dans le pays? "Macht nichts", ça ne fait rien, il lui faut quand même le reçu...

Une chose menant à une autre, vous réussissez quand même à obtenir les clefs de votre chambre, les draps, etc. Vous recevez alors une seule, ultime et stricte recommandation de la part du Hausmeister: ne pas, dans aucun cas, ouvrir la porte de secours : cela déclenche une alarme. Le ton est tellement menaçant, qu'en cas de feu, je me dirigerais sans doute illico vers l'ascenseur ou toute issue autre que celle de secours.

C'est sans compter la hardiesse involontaire de certains de vos invités, qui à peine trois semaines plus tard, pensant y trouver la cuisine, se précipitent par la porte de secours et déclenchent une sonnerie assourdissante, dont les tons feraient pâlir même Mariah Carey.
Vous prenez votre courage à deux mains. Cette fois-ci, l'expérience aidant, vous savez où trouver le Hausmeister: en haut, non pas au ciel mais au huitième étage. Il faut sonner trois fois pour arracher votre homme à son téléviseur en ce jour du seigneur, trois fois pour qu'il entrouvre sa porte d'un air méfiant du haut de ses 1,55 mètres. Il vous faut bien cinq minutes pour lui expliquer la situation (bien que vous soyez très fiers de vous être souvenus du mot allemand pour "porte de protection du feu"), et encore cinq minutes de réprimandes cinglantes, finissant par un "Ach, ce n'est pas possible" excédé. Il ne lui faut en revanche que trente secondes pour sortir la clef qui arrête la sonnerie, et trois secondes pour vous excuser encore une fois d'un air piteux.

Sinon, sur un tout autre registre, j'ai eu l'occasion avec mon Erasmuskurs de faire une petite excursion à la Bodensee, littéralement, "la mer par terre": ne cherchez pas de mer dans les environs de Tübingen, j'ai déjà essayé. En revanche, je peux vous expliquer que "See" en allemand signifie aussi "lac": et là, vous comprenez aussitôt que ce à quoi je fais référence est en fait tout bêtement le lac de Constance, à la frontière avec la Suisse. Ce fut une journée magnifique, remplie de paysages et d'orgues de barbaries, de glaces et d'orgues baroques.


Enfin, le mot du jour: der Pfifferling (http://de.wikipedia.org/wiki/Pfifferling) = la girolle, également appelée Eierschwammerl en Autriche, à cause de sa couleur qui rappelle le jaune d'oeuf (Ei). Pfifferlinge, donc, que nous avons cherchées aujourd'hui dans la forêt de Brocéliandre au-dessus de chez moi, mais qui sont restées malheureusement absentes du risotto qui s'en suivit, cuisiné par l'Italien du quatrième...

mercredi 19 septembre 2007

Etre français à Tübingen c'est ...

- traverser au rouge, mais quand même hésiter un peu avant

- hurler "Sauerkraut!" dans la rue, bourré, à deux heures du matin

- snobber la nourriture allemande, et aller manger dans les restaurants italiens

- faire bande à part, et se moquer de l'accent des étudiants suisses et belges

- faire un raid de nuit vers les poubelles avec les étudiantes anglaises (pour ne pas que les gens voient que l'on n'a pas trié ses déchets)

- passer son temps à dire: "ah, ça, c'est typiquement allemand!"

(disclaimer: pas tout ce qui est décrit plus haut est de moi)


Cela étant dit, je ne suis pas mécontente de dire que je viens de France: sans être vraiment patriotique, je trouve que cela a un certain chic, et cela me rapproche culturellement des Allemands, davantage en tout cas que si je me déclarais canadienne.

Ensuite, en général, les gens me sortent les quelques mots qu'ils connaissent dans la langue de Molière et de Diam's: "Bonjour!", "Merci!" et "Voulez-vous-coucher-avec-moi-ce-soir?"
Je trouve que le fait de réciter même cette petite fraction de notre language est déjà assez honorable, vu que je ne connais pas un mot de danois, de turc, de norvégien ou de polonais.

Deux fois, déjà, on m'a demandé ce qu'il en était de Sarkozy: la preuve que toute l'Europe a quand même suivi notre campagne présidentielle. Le plus drôle, c'est que les gens, s'il ne connaissent pas Nantes, font un grand "Aaah!" quand je leur explique "c'est en Bretagne"... Un autre expat, qui lui vient de Cherbourg, est obligé de faire référence à Omaha Beach pour que les étudiants Américains arrivent à situer la Normandie...

A room with a view

Images d'une ballade autour de ma résidence...


mardi 18 septembre 2007

A l'Est, pas mal de nouveau

Je vous invite à lever votre chapeau à mon grand retour parmi la communauté mondiale d'internautes. C'est ainsi qu'enfin, avec ô combien de joie, et en m'excusant de mon long silence, je vous livre mes premières impressions (toutes très positives).

Voici plusieurs choses qui ont frappé d'emblée la pseudo-parisienne depuis son arrivée à Tübingen:

- J'habite une chambre d'environ 15 mètres carrés dans une résidence universitaire située sur une colline aux abords de la ville. Comme je l'avais effectivement constaté sur Google Earth ici même, je suis indubitablement et irrémédiablement dans la campagne. A un tel point que j'ai pour voisins les plus immédiats un paisible troupeau de bovins, dont le doux meuglement me réveille parfois le matin. Ce côté pastoral n'est pas pour me déplaire, la contemplation d'une vache en train de brouter étant un spectable étonnamment fascinant.
La vue de ma fenêtre :

Cependant, je m'inquiète quelque peu pour mes congénaires, que je n'ai pas revues depuis le début de la semaine. Le dernier signe de vie remonte à lundi après-midi, quand j'entendis plusieurs mugissements lontains mais déchirants. Soit mes amies les vaches ont quelque peu rechigné à rejoindre définitivement l'étable pour passer l'hiver, soit il s'agissait de meuglements prémonitoires, mes vaches prévoyant de finir en jolies bottes de cuir comme j'en ai vu tant dans les (très) nombreuses boutiques de chaussures en ville.

- Heureusement, au cours de mon séjour de deux semaines à Tübingen, je n'ai pas seulement eu l'occasion de développer des sympathies avec la race bovine, mais aussi avec d'autres êtres humains, dotés d'une conscience et de facultés de langage plus développées. La plupart de mes nouvelles accointances sont d'autres étudiants Erasmus, que j'ai eu l'occasion de rencontrer lors de mes cours préparatoires d'allemand et pendant les nombreuses soirées qui sont organisées à notre encontre. Je parle malheureusement avec beaucoup de français et d'anglais, mais je me rattrape en papotant en allemand aux inombrables autres nationalités: grands blonds danois, italiens , polonais, slovènes, norvégiens (également grands et blonds)...

- J'évoquait les soirées Erasmus (ou Erasmi?) : j'ai l'impression qu'en Allemagne, toutes les occasions sont bonnes pour trinquer un bon coup. Les Français ont beau avoir la réputation d'être de grands buveurs (dire que l'on est français dans une soirée, c'est immédiatement passer pour un expert en vin), les Allemands se rattrapent dans la quantité (mais pas tant dans la qualité...). Il n'y a pas une ville où n'a pas lieu à un moment ou un autre une quelconque fête de la bière ou du vin. Exemple: en ce moment même à Tübingen, sur la place de la mairie, se tient un marché "provençal", qui comprend tout ce qu'il y a de plus kitsch et de plus cher à déguster au sud et à l'ouest du Rhin. La seule différence avec un marché provençal tel que nous le concevons en France, c'est qu'après six heures du soir, cela devient un marché... du vin, où l'on peut trinquer jusqu'à deux heures du matin autour de tables en bois parmi des gens grisés mais sympathiques. Enfin, tout cela n'est pas pour me déplaire: je commence déjà à élaborer des plans pour faire une petite visite de Munich pendant l'Oktoberfest.

- Au sujet de la gastronomie locale, j'avoue avoir quelque plus de difficultés que je ne l'imaginais à m'y habituer. N'ayant pas chopé de salmonellose, de mononucléose, etc., mes réticences peuvent paraître un peu surfaites. Cependant, je vous invite à faire l'expérience de ne manger que du café, des bretzels et des pommes pendant trois jours, puis d'enchaîner avec un régime continu de sandwichs au salami. A l'exception des plats cuisinés par mon voisin italien au 4e étage, je ne pense pas avoir pour l'instant eu l'occasion de manger quoi que ce soit de varié ou d'équilibré (je me fais des dîners-salades pour compenser). Ce weekend, lors d'une visite à Stuttgart, je pense avoir touché le degré zéro de la gastronomie dans un stand de la gare: imaginez-vous une saucisse, de taille conséquente, sur laquelle on balance une grosse louche de ketchup, soupoudrée de poudre à curry. Accompagnez ce beau mélange d'une combinaison de frites et d'un gros demi-litre de boisson gazeuse sucrée, et vous avez le menu à 4 euros chez "Currywurst Express".
Heureusment, il n'y a rien à craindre pour mon physique gracile, car je fais pas mal d'exercice physique: je me suis acheté un beau vélo d'occasion, avec lequel je file d'un bout à l'autre de la ville matin et soir, bravant les défis posés par la géologie locale (pentes, pommiers, trottoirs...). Je soupçonne le type de la boutique d'où je le tiens de m'avoir vendu un vélo pour enfants; peu importe, du moment qu'il sied parfaitement à ma petite taille.

- les Allemands étant très portés sur le tri des déchets, il pullule ici une quantité invraisemblable de poubelles, toutes ayant pour destin de recevoir un type précis de déchet. Il y a les sacs jaunes, pour les emballages, la poubelle pour le papier, pour le verre, la poubelle "Biomüll" (?), la poubelle "Restmüll" (pour le reste)... Personnellement, j'ai quatre poubelles, chacune étant de couleur différente, et dont on ne m'a pas encore expliqué le sens ou la raison: une jaune, une verte, une marron, et une rouge. Mystère et boule de gomme. En attendant l'arrivée de mes colocataires allemands, et au risque de faire mourir des ours blancs dans le pôle nord, je mets tout dans le même sac (le sac jaune, donc).

D'autres remarques en vrac:

- Le respect inoui porté pour les feux de signalisations, par piétons, cyclistes et conducteurs.

- Etonnant, quand on arrive de Paris, de trouver un abri pour pigeons ( je mettrai une photo pour en attester l'existence)

- Les méthodes pédagogiques allemandes: surtout, ne pas stresser les étudiants, au risque de les infantiliser

- Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les bus et les trains allemands ne sont pas toujours à l'heure.

- Cela fait plaisir de ne pas entendre parler de Sarkozy tous les jours, cinq fois par jour.

Voilà pour l'instant. J'espère pouvoir à l'avenir être davantage à jour dans le récit de mes aventures!

dimanche 2 septembre 2007

Last Days in Paris

J'ai passé mes derniers jours à Paris entre adieux larmoyants (ou presque) et état des lieux réussi. Cela a été l'occasion pour moi de visiter des quartiers de Paris que j'avais jusqu'alors occultés, tels Choisy, ses tours et ses boutiques sino-vietnamiennes, ou Belleville, avec ses kebabs et son siège de la CFDT.
J'aime Paris. Mais je ne regretterai pas ses millions de touristes, son dédale de couloirs de métro bruyants, chauds, et puants, et ses beaux quartiers qui respirent une malsaine autosatisfaction.
J'en ai par ailleurs profité pour fréquenter un maximum d'expositions et de musées, non pas dans le but de me remplir la panse de culture avant d'aller me vautrer dans la misère intellectuelle d'un quelconque campus paumé au fin fond du "pays des buveurs de bière"... Non, j'ai simplement profité des opportunités offertes par le fait d'habiter une grande métropole.
Je sais que nombre des lecteurs de ce blog ne sont pas parisiens; quoi qu'il en soit, je vous fais un petit descriptif de mes visites pour ceux que cela intéresse.

Je ne saurais combien vous recommander l'exposition "Weegee" au musée Maillol. Weegee, photographe de presse à New York dans les années 30-40, était du genre à vivre dans sa voiture et écouter les rapport de la police à la radio, afin d'être le premier à se précipiter sur les lieux de crimes et de faits divers dans les nuits newyorkaises. Une ambiance parfois très sombre, très "film noir", où l'on sent le caractère presque oppressant de la ville. Tout au long de sa carrière, Weegee a photographié les grands du monde comme les plus humbles, en soulignant pour ces derniers l'étrangeté de certains regards, nous renvoyant à notre propre perception du "monstrueux".

Le musée Picasso (dans le marais) un grand classique : indispensable pour se faire une culture esthétique.

L'exposition est un plaisRoy Lichtenstein à la Pinacotèque, place de la Madeleine: exposition à laquelle manquerait sans doute des commentaires des tableaux, pour les ignares comme moi qui n'apprécient l'art qu'en distants amateurs. Dans les commentaires qui existent déjà, trop de références à "l'expressionisme abstrait".ir dans la mesure où les oeuvres de Lichtenstein sont truffées de références à d'autres grands maîtres, notamment Picasso. Les oeuvres de ce dernier étant fraîchement inscrites dans ma mémoire, je me suis donc sentie très intelligente en remarquant par exemple les correspondances ci-dessous:




Autres références, de Picasso au "Baiser" de Klimt cette fois-ci.




Je suis passée de Picasso au pop art; pour boucler la boucle, sachez que Warhol a lui-même été inspiré par les photos de Weegee, allant jusqu'à les répliquer dans ses sérigraphies:

jeudi 30 août 2007

Parole profonde de la semaine

Il fallait absolument que je vous retranscrive un extrait de la conversation que j'ai eu hier soir avec ma moitié. Il s'agissait d'un film libanais que je suis allée voir récemment, qui racontait avec beaucoup de finesse et d'humour la vie d'un groupe de femmes tenant un institut de beauté à Beyrouth.

Moi: tu sais pourquoi le film s'appelle "Caramel"?
Moitié: Parce qu'elles utilisent du caramel pour s'épiler.
Moi: Absolument.
Moitié: N'empêche, ça doit être un caramel spécial, sinon elles finiraient par ressembler à des Mystères géants!

^^

Bon, il fallait être là pour trouver cette remarque absolument hilarante...

lundi 20 août 2007

Herzlich Wilkommen in Tübingen



C'est officiel, je vais vivre à la campagne. Ci-dessus : mon logement universitaire en Allemagne. Non, non, je n'y suis pas encore. Je commence juste à m'y interesser un petit peu, une semaine avant mon départ. La chambre n'est apparemment qu'a 2 à 3 km de la faculté de sciences politiques, dans le centre. Disons qu'un un grand bol d'air frais ne peut que me faire du bien. Non?

Je pars le 3 septembre: la date fatidique, le saut dans l'inconnu, l'élan vers l'infini linguistique ! J'en deviens quasi lyrique tellement cela me terrifie de devoir parler allemand.

A propos, j'ai appris hier une information complètement insignifiante mais qui mérite d'être citéé, rien que pour le fun comme disent les québecois: le mot "billig", qui en allemand signifie "bon marché" ressemble comme deux goutes d'eau au "bilig" breton, dalle circulaire sur laquelle on cuit les crêpes et les galettes.
Dans le même genre, j'ai remarqué que TOEFL, le test linguistique, n'est pas sans ressembler au mot allemand " der Teufel", le diable.
Mon analyse de ces deux coincidences : il est vrai que les galettes, en général, ne coûtent pas très cher. En se penchant sur la question, on découvrirait peut-être un phénomène historique de mondialisation précoce au 12e siècle qui expliquerait les similarités entre la langue swabe et le breton. Le TOEFL, lui, est une invention diabolique pour soutirer de l'argent aux étudiants et leur voler leur âme en leur posant des questions débiles ("Evoquez une personne qui a beaucoup marqué votre vie", "Quels sont vos meilleurs souvenirs de vacances?")
Heureusement qu'il y a les blogs, pour que tout le monde connaisse vos pensées les plus débiles...

jeudi 16 août 2007

Vienne la nuit, sonne l'heure / Les jours s'en vont, je demeure

Ne connaissant pas de poème spécifiquement dédié à Vienne, je m'en tiendrais à l'un de ses homonymes pour titrer cet article (à noter que cette liberté ne serait pas autorisée au cours d'une partie de shabadabada...)
Plutôt que d'essayer de résumer 8 jours de ballades touristiques en tout genre dans la capitale autrichienne, ce qui serait mortellement ennuyeux pour tout le monde, je vous propose un petit récit culinaire de notre voyage.

Dans le vol Air France à l'aller : une mini "collation" d'environ 15g de petites croquettes au fenouil, accompagnée d'une boisson au choix - en l'occurence, du jus de tomate. Très chic.

A peine débarqués, nous nous précipitons dans le premier café viennois qui nous tombe nous les yeux. Là, nous dégustons deux beaux "Eisschokolade", boule de glace à la vanille flottant dans un chocolat froid, surblombé d'un iceberg mousseux de chantilly et sur lequel on peut soit-même verser de la sauce au chocolat en quantités non négligeables. Mmmm. Tout cela pour un prix modique, evidemment: le génie des cafés de Vienne fait que même les deux ou trois Starbucks de la ville en subissent la compétition, et la petite sirène verte se languit tristement sur les verres en cartons des étagères.

Le soir même, je goûte pour la première fois à de la choucroute à la "Sieben Stern Bräu" (taverne des sept étoiles). Non pas qu'il me viendrait à la tête l'idée d'en commander toute une assiette : trop risqué. Il suffit d'en piquer un peu dans l'assiette de mon compagnon de route qui m'assure que sa Bratwurst est un délice. De mon côté, un plat courageusement commandé au hasard avec ce qui me semblait être le mot "abricot" (Marillen) se révèle n'être que des pâtes gratinées.

Contrairement aux idées que l'on pourrait se faire sur les Viennois, les proportions minimales de bière servies dans les tavernes sont bien inférieures à 0,5 L (ci-dessous, deux verrres de 0,25 L de bière brune bien goûtue).

De pis en pis: les Autrichiens se mettent à la mode "diet"! Les supermarchés vendent des pots de salades mixtes fort bon marché et les rayons fruits et légumes sont très fournis. De quoi ravir les picnickers d'un jour, qui n'ont pas peur de croquer la vie à pleines dents (sic).

Mais il ne faut pas aller croire que tout se perd, mon bon monsieur: le régime archi-protéiné des Autrichiens du cru subsiste encore dans les "Heuriger", sorte d'auberges situées dans des ex-villages viticoles depuis lors hapés par la ville. Là, on peut se poser sur de larges bans de bois sous une voûte de feuilles de vigne et savourer le vin pétillant local, dont la qualité première serait d'être "gouleyant", d'après le Guide du Routard. Quoi qu'il en soit, il est vrai qu'il se boit comme de l'eau, et qu'il a vite fait de vous tourner la tête. Pour aider à absorber l'alcool, on vous propose donc un buffet composé de mets divers. Voici ce qu'il en restait vers la fin du repas:




Sinon, les cafés Viennois regorgent d'autres exemples de pauses sucrées:

- le fameux "Sachertorte", gateau au chocolat traversé de fines raynures de confiture aux abricots.

http://www.meilleurduchef.com/cgi/mdc/forum/fr?f=recettes&id=1071161933-27352-1




- Les plus grosses barres milka du monde. miam miam.



- enfin, une pensée pour Elsa: la glace "surprise"


Le comble, c'est qu'en rentrant voir mes parents, ces derniers me font la remarque en passant : "Tiens, tu n'aurais pas un peu minçi?"