blog européen

dimanche 23 septembre 2007

Du concierge, de la mer par terre et autres aventures

S'il n'y a pas de "nature humaine" universellement reconnue, il doit forcément exister une nature commune à tous les concierges du monde. Le "Hausmeister" (le "maître de la maison") du Viktor-Renner Strasse 2, ma résidence, serait selon cette éventualité un véritable cas d'école.

Tous les étudiants internationaux qui ont cherché à y emménager depuis trois semaines ont du, comme moi, se lancer dans une recherche désespérée du mystérieux "Hausmeister", ce dernier étant le seul à détenir les clefs, et ne faisant que des apparitions rares et succintes dans les couloirs de la résidence (bien qu'il soit sensé y vivre). La recherche se transforme alors en une attente quasi-beckettienne, constituée de dialogues absurdes avec des inconnus (en l'occurrence les ouvriers qui travaillent encore sur le bâtiment) et d'un grand sentiment de vide.

Une fois que Godot - pardon - le Hausmeister est arrivé, celui-ci vous demande d'un ton bourru : "Vous avez le reçu?". Quel reçu? Bien évidemment, celui que vous êtes sensé avoir préalablement... reçu auprès de l'administration. Vous venez à peine d'arriver dans le pays? "Macht nichts", ça ne fait rien, il lui faut quand même le reçu...

Une chose menant à une autre, vous réussissez quand même à obtenir les clefs de votre chambre, les draps, etc. Vous recevez alors une seule, ultime et stricte recommandation de la part du Hausmeister: ne pas, dans aucun cas, ouvrir la porte de secours : cela déclenche une alarme. Le ton est tellement menaçant, qu'en cas de feu, je me dirigerais sans doute illico vers l'ascenseur ou toute issue autre que celle de secours.

C'est sans compter la hardiesse involontaire de certains de vos invités, qui à peine trois semaines plus tard, pensant y trouver la cuisine, se précipitent par la porte de secours et déclenchent une sonnerie assourdissante, dont les tons feraient pâlir même Mariah Carey.
Vous prenez votre courage à deux mains. Cette fois-ci, l'expérience aidant, vous savez où trouver le Hausmeister: en haut, non pas au ciel mais au huitième étage. Il faut sonner trois fois pour arracher votre homme à son téléviseur en ce jour du seigneur, trois fois pour qu'il entrouvre sa porte d'un air méfiant du haut de ses 1,55 mètres. Il vous faut bien cinq minutes pour lui expliquer la situation (bien que vous soyez très fiers de vous être souvenus du mot allemand pour "porte de protection du feu"), et encore cinq minutes de réprimandes cinglantes, finissant par un "Ach, ce n'est pas possible" excédé. Il ne lui faut en revanche que trente secondes pour sortir la clef qui arrête la sonnerie, et trois secondes pour vous excuser encore une fois d'un air piteux.

Sinon, sur un tout autre registre, j'ai eu l'occasion avec mon Erasmuskurs de faire une petite excursion à la Bodensee, littéralement, "la mer par terre": ne cherchez pas de mer dans les environs de Tübingen, j'ai déjà essayé. En revanche, je peux vous expliquer que "See" en allemand signifie aussi "lac": et là, vous comprenez aussitôt que ce à quoi je fais référence est en fait tout bêtement le lac de Constance, à la frontière avec la Suisse. Ce fut une journée magnifique, remplie de paysages et d'orgues de barbaries, de glaces et d'orgues baroques.


Enfin, le mot du jour: der Pfifferling (http://de.wikipedia.org/wiki/Pfifferling) = la girolle, également appelée Eierschwammerl en Autriche, à cause de sa couleur qui rappelle le jaune d'oeuf (Ei). Pfifferlinge, donc, que nous avons cherchées aujourd'hui dans la forêt de Brocéliandre au-dessus de chez moi, mais qui sont restées malheureusement absentes du risotto qui s'en suivit, cuisiné par l'Italien du quatrième...

3 commentaires:

Lili a dit…

C'est là que je me rends compte que je suis à des milliers de km de l'Europe...

Anonyme a dit…

Si ca peut te rassurer, il n'y a pas que des connards qui règnent (en l'occurrence, sur Viktor-Renner Strasse 2) : DSK vient d'être élu président du FMI.

Anonyme a dit…

La prochaine fois que ce goujat fait son boulot avec si peu de bonne volonté, je l'égorge, je l'évide et il finit en salami "Ja!" (équivalent allemand de la marque "éco+" ou "Budget") !

P.S. Houlà, il faut que je me calme, moi !