blog européen

samedi 10 novembre 2007

Week-end à Fribourg

L'idée de faire une petite excursion à Fribourg flottait dans l'air depuis quelques temps déjà. Il s'agissait plus précisément pour les six autres étudiants de philo qui m'accompagnaient de se faire un petit week-end heideggérien : Fribourg ayant été la ville de Heidegger, d'une part, d'autre part parce que la visite de sa hutte, située à quelque 30 km plus loin dans un petit village enfoui au creux d'une vallée en pleine forêt noire, constituait une bonne opportunité de ballade.

Après une semaine de délibérations et de minis-topos organisationnels, nous sommes enfin sept braves âmes qui embarquons à 8h du matin à la gare de Tübingen. Destination: le Dasein, les limites de l'être et du néant... On peut les atteindre très facilement, avec l'achat d'un "Baden-Wurtemberg Ticket", qui - pour un modique prix de 27 euros, permet à cinq personnes de se déplacer pendant 24 heures sur presque toutes les lignes de la région. L'attrape réside dans le "presque toutes les lignes" : les trains rapides, l'équivalent de notre TGV, nous étant exclus, il nous a fallu 3h et demie et pas moins de 4 correspondances pour franchir une distance de 200 km. Mais je commence à avoir l'habitude des trains allemands...

Arrivés à Fribourg, nous allons déposer nos affaires à l'auberge de jeunesse ou nous prévoyons de passer la nuit. Celle-ci est très pittoresquement située un petit peu en retrait de la ville, au bout d'un chemin qui nous fait passer par-dessus un charmant petit ruisseau. Nous enchaînons avec une visite du centre ville et de "Münster", la cathédrale. Là-bas, Heidegger est une véritable superstar: on trouve son portrait accroché dans les vitrines des librairies, entouré de photos d'Hannah Arendt et d'autres personnes dont les noms sont plus illustres que les figures.

La cathédrale est un magnifique édifice gothique de pierre rose, au pied duquel se tient tous les samedis un petit marché où l'on peut déguster... ben, oui, de la wurst. Le centre-ville historique a été presque entièrement rasé pendant la guerre, à l'exception de la cathédrale, miraculeusement préservée des bombes. Ci-dessous, ce à quoi ressemblait la ville en 1945 :

Depuis, les travaux de reconstruction ont permis de ressusciter les vieilles maisons à colombage, les tours et les rues bordées de petits canaux dans lesquels il est très facile de trébucher (d’après la légende locale, c’est un signe que l’on va se marier l’année suivante).


Après avoir visité le clocher, la fatigue nous pousse dans un petit café... auquel fera immédiatement suite un bar, puis un resto... puis un autre bar. Le fait pour moi d'être une non-initiée de la philosophie est parfois difficile, surtout quand après un ou deux verres de vins, mes compagnons de voyage se mettent tous à contrer du Aristote par du Husserl ou à se rappeler des points de métaphysique chez St Thomas d'Aquin... Quoi qu'il en soit, je persiste à poser des questions bêtes, comme "dis, c'est quoi le Dasein??" et je fais de mon mieux pour me souvenir de mon cours de terminale; rien y fait, je me suis quand même faite traitée de sale relativiste !

Le lendemain, réveil aux aurores (8h) pour reprendre une succession de trains et de bus qui nous déposent enfin au beau milieu des verts pâturages de la forêt noire, aux environs du village de Totenauerberg, notre but. Après environ cinquante minutes de marche, dont je dirais environ 20 en montée abrupte, nous atteignons enfin le sommet de la colline, et le village.

Nous nous restaurons brièvement à grands renforts de soupe au goulasch dans une auberge typiquement sud-allemande, où la serveuse porte la traditionnelle robe pigeonnante de la région, puis continuons notre ascension à la fois physique et intellectuelle vers le « Heidegger Rundweg », le parcours heideggérien.

Trouvaille inattendue lors de notre chemin de croix : une paire de llamas en train de brouter tranquillement au milieu des vaches…

Enfin, comme lors de la sortie de la caverne de Platon, le soleil nous éclaire de ses doux rayons, et nous révèle une affreuse petite cabane aux volets verts, demeure de feu l’un des philosophes les plus influents du vingtième siècle. Nous avons atteint le but de notre week-end et sommes très contents.

Les acteurs de ce week-end, de gauche à droite : la hutte de Heidegger (Allemagne), Matthieu (France), Matthias et Soren (Danemark), Halvor (Norvège), Attilio (Italie) et Anders (Danemark).

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Ahlala les joies de la vie intellectuelle bucolique..

(Je suis hyper jalouse j'ai même pas vu des lamas de près au Pérou)

Anonyme a dit…

Ah j'oubliais: avec quoi tu fais ton panoramique?

chloé a dit…

He he... il faut croire que les lamas ne sont pas aussi bêtes qu'il n'en ont l'air : il préfèrent émigrer plutôt que d'affronter les rudesses du climat des cimes péruviennes :)
Et je suis très flattée que tu m'aies crue capable de faire un panoramique; je n'ai fait que prendre des photos toutes normales avec mon petit appareil bas de gamme. Tu pensais à quelle photo en particulier?

Anonyme a dit…

Celle du village avec les champs, comme les bords étaient arrondis je pensais que c'était un effet du panoramique. Scheiße, il va falloir que je trouve quelqu'un d'autre pour m'expliquer.