blog européen

mardi 8 mai 2007

J+4 et déjà tout faux

Cette semaine je n’ai pas pu m’empêcher de commencer à faire la liste des contradictions directes entre la ligne de campagne du candidat Sarkozy et du président élu.





1- L'homme proche du peuple: signe sociologiquement révélateur, la première chose que notre futur président décide de faire une fois son élection devenue chose publique, est de se précipiter au Fouquet’s pour célébrer sa victoire. L’homme qui « pense aux Français d’abord » a tranquillement pris le temps de dîner dans un restaurant chic des Champs Elysées, tandis que des milliers de ses électeurs amassés au pied d’une scène à la sono pourrie attendaient qu’il finisse son café.

2- Il prévoit de garantir "l'Etat impartial"… en cédant aux faveurs d'un milliardaire, Vincent Bolloré, qui a commencé sa carrière dans l'industrie du tabac, et qui a aujourd’hui des vues sur le secteur des médias (pour ce qui est de la partie non encore détenue par Martin Bouygues, autre grand copain de notre président...)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Vincent_Bollor%C3%A9
http://www.acrimed.org/article1823.html

3- Mais où était donc Nicolas pour le 8 mai? Le concept d’identité nationale française nous a été martelé tout au long de cette campagne par le candidat Sarkozy, évoquant « la France des croisades et des cathédrales, la France des droits de l'homme et de la Révolution », citant à la volée Rivarol, Charles Péguy, André Malraux et Léon Blum, histoire de faire un grand écart entre l’extrême droite, le gaullisme et la gauche socialiste... Bref, une fière revendication du passé de notre glorieuse nation … pour finalement aller se dorer la pilule sur un yacht pendant les cérémonies de la commémoration du 8 mai 1945. Bizarre, non ? Si on n’était pas certains qu’il croyait vraiment à ses propos, on serait tenté de croire qu’il s’en fiche royalement, de l’identité nationale…

4- Ah mais non non non… Sarkozy est un homme d’Etat respectable, la preuve : il a fait l’effort de prendre ses vacances dans un pays européen ! (de fibre européenne, il l'est apparemment depuis toujours depuis dimanche) Ah oui, et accessoirement, il a écourté son petit séjour pour revenir parmi ses compatriotes. Lui qui, d’après ses dires, devait se retirer pendant une dizaine de jours (dans un monastère, n’avait-il pas dit ?) pour se reposer et « habiter la fonction », devine que la chose tourne au vinaigre et retourne prestement à Paris. Dommage qu’il faille y retrouver le vieux schnock…

Ils ont l'ai plutôt heureux ensemble, non?


5- Finalement, la première cérémonie à laquelle participera l’ex-candidat Sarkozy qui fustigeait autrefois l’idée d’un « devoir de repentance » et « la concurrence des mémoires » sera en toute logique celle de la journée de commémoration de l’abolition de l’esclavage.


M’enfin, cela ne sera ni la première, ni la dernière fois qu’il nous épatera … mais à ce rythme, la politique française perdra bientôt toute cohérence.
Pour parachever le tout, je vous joints une condamnation sanglante d’Alain Finkelkraut, philosophe qui (contrairement à moi) peut difficilement être accusé de gauchisme facile:

L'état de disgrâce, par Alain Finkielkraut
LE MONDE , édition du 11.05.07

On ne peut pas se réclamer du général de Gaulle et se comporter comme Silvio Berlusconi. On ne peut pas en appeler à Michelet, à Péguy, à Malraux et barboter dans le mauvais goût d'une quelconque célébrité de la jet-set ou du show-biz. On ne peut pas prononcer des odes à l'Etat impartial et inaugurer son mandat en acceptant les très dispendieuses faveurs d'un magnat des affaires. Contrairement à ce qu'il avait annoncé sur un ton grave, Nicolas Sarkozy ne s'est pas retiré du monde pour habiter la fonction présidentielle : entre le Fouquet's, Falcon et palace flottant, il a oublié qu'il venait d'être élu président de la République. Il avait peut-être ses raisons que la raison ignore. Espérons cependant qu'il s'en souviendra, une fois de retour sur le plancher des vaches, et qu'il saura, comme il l'avait promis dans des discours de très haute tenue, incarner la France. Pendant trois jours, il nous a fait honte.

3 commentaires:

Elsa a dit…

franchement...

Anonyme a dit…

Des "discours de haute tenue"?
Je suis définitivement une gauchiste irrécupérable...
et si même Finkielkraut a honte alors que dire des millions de français qui doivent aujourd'hui se fourrer dans le crâne que la France dans le monde et dans l'Europe, à partir d'aujourd'hui c'est Sarkozy...

Anonyme a dit…

et ben ils se disent "c'est ballot"^^