blog européen

jeudi 26 avril 2007

Hello world

Les Français (et je m’inclus dans le lot) si passionnés par cette campagne qu’ils ont tendance à oublier qu’au delà de nos frontières, la planète continue de tourner.
Pour vous donner un exemple, je viens ce lire les chiffres suivants, tirés du rapport trimestriel sur la situation humanitaire en Irak de la Mission d'assistance des Nations unies pour l'Irak.

- 3 000 personnes arrêtées depuis l'instauration du plan de sécurité à Bagdad mi-février.
- 37 641 personnes en prison, beaucoup sans jugement, ni chef d'accusation.
- Près de 2 millions de déplacés depuis 2003.
- 153 journalistes tués depuis mars 2003.
- 200 universitaires tués depuis 2003.
- 12 000 médecins ont fuit le pays.
- 54 % des Irakiens vivent avec moins de 1 dollar par jour.
- Seuls 32 % des Irakiens ont accès à l'eau potable.
- 8 millions d'Irakiens ont besoin d'une assistance humanitaire urgente, dont 432 000 enfants.
- Le taux de chômage approche les 60 %.
- Le taux d'inflation a atteint 70 % en juillet 2006.

D’habitude, je soupçonne la presse française de profiter des sentiments d’antiaméricanisme primaires latents au sein de la population à l’occasion d’articles sur la situation en Iraq. Il est aisé, mais également assez abject, de s’enorgueillir de l’état désastreux du pays simplement afin de pouvoir dire « I told you so » en tirant la langue aux Américains.
Mais ces chiffres sont réellement alarmants. D’après l’article en question, le rapport a constaté un manque de coopération de la part du gouvernement irakien, qui a arrêté depuis plusieurs mois de publier les chiffres de la mortalité. Au delà des violences sectaires, l’ONU s’inquiète également des abus journaliers des droits de l’homme, autant par des membres de la rébellion que par les forces de l’ordre et du gouvernement: interpellations et détentions arbitraires, restrictions des libertés de la presse, etc.
Avant de m’insurger contre cette situation, je me pose la question de si l’on peut vraiment exiger l’irréprochabilité d’un gouvernement face à des difficultés telles que celles que rencontre le gouvernement irakien. Comment gagner contre un adversaire qui ne respecte pas les mêmes règles que vous ? Face à une source de danger permanente et indiscutable, la préservation de l’intérêt commun, dans ce cas la sécurité et des services de base, n’est-elle pas ici préférable au respect des libertés individuelles ? Sans tomber dans le discours qui consiste à dire que le respect des valeurs démocratiques est une marque de faiblesse, il faut certainement concéder une certaine marge au gouvernement irakien.
Mais la comment justifier, au nom de la sécurité, un manque de transparence sur les chiffres de la mortalité ? Si ceux-ci sont élevés, comme ils l’ont été depuis peu, leur publication consisterait en un aveu de faiblesse important autant pour le gouvernement américain que pour l’administration présidentielle américaine.
Le rapport constate également que les violences contre les femmes accusées de « conduite immorale » au Kurdistan rencontrent peu ou pas de sanction, bien que la province du nord, qui s’auto-administre plus ou moins toute seule depuis 2003, soit un véritable havre de paix comparé aux violences quotidiennes qui accablent Bagdad. Aucun impératif ne justifie le cautionnement par l’Etat d’un intégrisme religieux violent et négateur de l’individu. D’autant plus que les violations des droits de l’homme restées impunies sont dangereuses au long terme pour la salubrité de la culture démocratique irakienne naissante, si elle existe.
Bon, voilà, je suis montée sur mes grands chevaux sans grande conséquence… Pour me déculpabiliser, voici un lien vers le site de la Croix Rouge sur l’Irak ; l’ensemble est très informatif :
http://www.icrc.org/Web/fre/sitefre0.nsf/htmlall/iraq?opendocument?opendocument&link=home

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Mmm... 70% d'inflation... C'est le moment pour les Irakiens d'emprunter ! Blague à part, je pense juste qu'il s'agit notamment pour l'administration Bush de fixer le phénomène islamiste sur une zone précise, histoire d'éviter la pandémie pré-11 septembre. Et, bien sûr, le pétrole...